Territoires créatifs : enjeux, figures, exemples (Nantes, Grand-Paris, Plaine Commune) / Dynamiques territoriales dans les industries de la création - Institut CDC pour la Recherche 10-10-2012

Informations pour votre compte
Authentification
Visiteurs : 7274 (3 par jour)
Conférene Institut CDC pour la Recherche

Territoires créatifs : enjeux, figures, exemples (Nantes, Grand-Paris, Plaine Commune) / Dynamiques territoriales dans les industries de la création - Institut CDC pour la Recherche 10-10-2012

 
La conférence de l’Institut Caisse des Dépôts pour la Recherche, animée par Isabelle Laudier (responsable scientifique), a fait le point à partir de la recherche (sous la direction de Thomas Paris - Ecole Polytechnique), sur le thème « Dynamiques territoriales dans les industries de la création », centrée principalement sur une analyse de l’industrie des jeux vidéos du point de vue entrepreneuriat, gestion et interaction avec les territoires.

Introduite par un texte de présentation dont ci-dessous les principaux éléments :
« Les métamorphoses de villes emblématiques comme Bilbao ou Montréal, l’évolution assumée du rôle des territoires dans le dynamisme économique, le succès de concepts comme la classe créative ou les clusters, les incantations autour de l’économie de la connaissance, ou encore la crise financière… : la notion de territoire créatif a pris une importance notable pour nombre de collectivités territoriales, au point de parfois être mobilisée comme étendard d’une stratégie générale. »

Plusieurs questions :

  • La dynamique (création et création d’entreprise), par nature émergente, interroge sur le rôle des pouvoirs publics…
  • Quid des outils comme les clusters, dont les rôle ne sont pas clairement établis…
  • Hétérogénéité des exemples de réussites…
  • Conclusion : « Le territoire créatif n’est pas un concept précis, et n’implique pas une boîte à outil simple et standardisée ».

 
Dans son introduction Stéphane Keita, Directeur de Cabinet du Directeur Général de la Caisse des Dépôts récapitule quelques points forts :

  • Intérêt du rapprochement chercheurs / opérationnels
  • Plus que les pays, ce sont les métropoles qui sont puissantes, et moteur dans le développement territorial.
  • Opportunité de rassembler des activités à haute valeur ajoutée.
  • Structuration en réseau des activités de la création… même si de prime abord, le contexte numérique inviterait à voir davantage les activités réparties sur les territoires.
  • Quid du cluster création comme modèle développement territorial autour des suggestions de la recherche ?
  • Positionnement des approches : désir / outils / marché ; comme pilier des industries de la création.
  • Annonce un projet incubateur numérique rive gauche…

La ville, la création et l’économie : quelles synergies ?, par Thomas Paris, Ecole Polytechnique.

Analyse évoquée avec un certain recul et une bonne analyse de notre époque quant à la force / liberté / désirs des énergies individuelles :

  • Economie de la connaissance : nouvelle forme d’économiel’unité de base c’est la petite entreprise, voir l’individu.
  • Modèle en réseau et non entreprises intégrées.
  • Typologie des villes créatives
    • Créativité et gouvernance (ex:Bilbao),
    • Créativité diffuse (Silicon Valley avec dynamisme diffus porté par tout le territoire),
    • Créativité par poches (Montréal, via le poids de grandes entreprises).
  • Sur l’industrie analysée : aujourd’hui les jeux vidéos sont dématérialisés et donc moins cycliques. Les produits ont vocation a des ventes importantes sur durée courte 2/3 mois. cinema dépassé en volume et marche mondial. Concentration en Ile de France.
  • Logique d’entrepreneuriat et essaimage.
  • Créativité sur une connaissance du secteur, d’un savoir-faire et non sur gérer des idées ; avec de faibles barrières a l’entrée.
  • Grande flexibilité des entreprises et opportunisme… avec une fragilité des petites structures.
  • Objectif : détention de la propriété intellectuelle pour développer son propre jeux.
  • Le national est le bon niveau, pour situer leur contexte d’actions… Pas de grande concurrence entre les grandes villes
  • Le territoire n’est pas facilitateur. Les attentes sont surtout incontournables : écoles, flexibilité des baux, accès transports…
  • Enjeu des relations avec éditeurs, prestataires techniques, autres studios, écoles, joueurs jeux…
  • Il s’agit d’un positionnement écosystème plus importante que cluster ; avec des relations spontanées voir informelles.
  • Sur le tryptique : désir-outil-marché. Le désir c’est la dynamique entrepreneuriale (la créativité ne se décrète pas), l’outil c’est la possibilité de trouver dans l’environnement les moyens d’expression de ce désir, le marché c’est l’existence de logiques émergentes (une certaine abondance)… sachant que sur beaucoup de propositions… peu marcheront… avec une subjectivité des projets…
  • Souligne la nécessaire différenciation entre ville créative et créativité ; alors que souvent les « gourous » de la ville créative encouragent chez les élus une logique de « benchmark », de reproduction…
  • Conclusion pour un chercheur en gestion : territoire c’est l’environnement des possibles, aider à valoriser les ressources disponibles.

Le quartier de la création à Nantes, une démarche émergente, par Olivier Caro, consultant, ancien chef de projet pour le Quartier de la création.

Démarche soulignant les nombreux facteurs humains en jeu :

  • Quartier de la création est plus un processus dans un projet urbain comme ensemblier, avec émergence d’une ville créative.
  • Rôle des responsables culturels locaux pour stimuler les énergies. Eviter de rentrer dans une simple logique de filière par rapport à divers silos dans les contextes culturels.
  • Comment le projet urbain peut être un projet de médiation ?
  • Quelle forme peut prendre un projet de territoire créatif. Ile de Nantes située comme projet de centralité pour la métropole.
  • Voir aussi ce que les créatifs font pour la ville et pas que l’inverse…
  • Partir de l’espace public… pour conserver de la souplesse.
  • Nantes s’est reconstruite sur la culture dans les années 80
  • Ne pas aller trop vite, amener les gens sur le territoire via le projet estuaire…
  • La qualité d’un territoire c’est sa capacité à articuler, à déployer des usages transitoires, des histoires d’hommes et comment des projets peuvent donner naissance à d’autres projets.
  • Se poser par ex la question sur ce que sont de petits immobiliers pour de petites équipes… Une façon d’articuler les espaces avec de petits modules, pour répondre aux besoins des créatifs.
  • Dans ce contexte, être voisin n’est pas le sujet ; c’est comment être plus proche l’un de l’autre.

Le territoire de la création, élément structurant du Grand Paris, par Patrick Braouezec, Président de Plaine Commune.

Engagement avec forte conviction et expérience…

  • Retrace historique du territoire et la chute des années 80… puis le travail sur un projet urbain.
  • Importance de partager Le projet et pas que les projets d’élus locaux.
  • Affirmer polycentralité de Plaine Commune.
  • Viser un pôle des activités culturelles et de la création plutôt qu’un cluster de la création… inclure les arts urbains, mouvement Hip Hop… Accompagner le désir d’artistes.
  • Prendre en compte ce qui est né comme mouvement culturel sur ce territoire et aussi le savoir-faire en artisanat d’art. Il faut parler d’activités et non d’industries. Inclure les associations, les artistes…

  • Ne pas oublier la dimension anthropologique et humaine de la ville créative… Attention à ne pas laisser des gens…
  • Associer création et culture plutôt que culture seule… et ne pas oublier le volet citoyen…
  • Conscience que les mouvements pendulaires des cols blancs… renforcent la réalité des dysfonctionnements de compétences envers celles et ceux venant d’autres activités / industries aujourd’hui délaissées.

Questions en suspend et Pistes à approfondir

  • Surprenant de ne pas avoir évoqué le rôle de l’Open Data comme facteur des capacités / activités créatives… (cf Open Data, par où commencer ? Citadel on the move et Mouvement Open Data : histoire, ambition, ambiguïtés, militantisme, déception.
  • Pourquoi ne pas avoir insister en termes de cohésion d’un territoire sur les risques de différenciation / fracture sociale entre les habitants, les quartiers, les travailleurs… Ne risque-t-on pas de produire de vastes déserts urbains autour… Cf Journée consacrée à la recherche dans le domaine « Créativité et Territoires ».
  • Au regard d’un territoire, il faut davantage souligner et mettre en regard, la question des flux de mobilités induits comme les coûts collectifs qui en résultent.
  • Globalement les propos focalisent sur des dynamiques créatives particulières résultant de logiques d’activités ou de projets publics (jeux vidéos, aménagement Ile de Nantes, devenir du Grand Paris…).
    On reste alors dans une dimension segmentant les forces vives de notre société et du territoire… en négligeant en particulier les capacités créatives et innovantes de nos concitoyens résultant d’un monde acentré Cf Transformer nos comportements - Identités de nos villes numériques - Usages pour quel futur ? Angers Technopôle
    Ceci au plus près des territoires, des quartiers, des moulons, des bourgs des territoires ruraux… Cf la créativité des habitants sur des micro-projets de proximité (bien souvent délaissés car plus complexes à initier) dans le secteur des commodités ou autres : Le Développement Local est mort - Vive le Nano Développement Local, Numérique, Territorial, Entrepreneurial et Créateur de valeur.
    Privilégier un « quartier / territoire créatif » ; n’est-ce pas poursuivre dans la seule voie du développement prétendant « tirer » un territoire en le focalisant sur une image / identité d’activités… en somme une spécialisation de compétences / de fonctions urbaines…
    Focalisation dont on mesure par ailleurs les effets, les traces néfastes lors de ruptures dans les enchaînements industriels, les innovations d’activités, la vie économique… sans oublier les déports hors le territoire des flux financiers ou de savoirs résultant des nouveaux circuits dans la création de valeur ajoutée !
  • Si la créativité émane du groupe… dans ce type d’activités spécifiques… Renforcer ces dernières sans faire un travail approfondi de transfert de compétences, d’équité ou d’éducation ; pour conforter aussi les capacités conversationnelles et créatives des autres habitants et usagers du territoire… c’est contribuer grandement à renforcer des barrières et à nourrir une fracture sociale… entre les « créatifs au coeur » et les « marginaux hors le cercle de la création de valeur ».
    Faut-il encore que les gens, à l’heure de « dialogues » à 140 caractères, conservent quelques capacités conversationnelles… Cf Vers un management de la conversation… Clic ou Déclic à la Tribune ?. Relire aussi la pertinence du propos de Philippe Quéau : Pour une critique de l’intelligence collective.
  • En résumé, si les analyses présentées permettent de mieux cerner les facteurs positifs et négatifs dans la mutation / (re)construction de territoires et d’activités créatives ; en rappellant le non-automatisme vers un territoire créatif… On ne peut qu’être surpris de la non-contextualisation des propos dans une mutation d’époque où l’improbable, le non-continu, le non-contigu, l’instabilité dominent… . Cf Développement local-nodal / numérique / mobilités … vers quels improbables allons-nous ?
    Ceci d’autant plus que les époques riches de valeurs, de sens, d’économie, de sociabilité, de progrès sont probablement dans l’histoire humaine, celles qui ont « fondé » des mouvements / distorsions / déviances culturelles créatives, au moment même où les pratiques, contextes, organisation, temporalité du travail sont en pleine mutation… en l’occurrence aujourd’hui du fait de notre entrée dans une époque numérique.


le 12 octobre 2012 par Jacques Chatignoux Opérateur
modifie le 14 mai 2013