De quoi la contre-culture est-elle le oui - Colloque 22 et 23 juin 2013 - Paris - Halle Saint Pierre, Collège International de Philosophie, Art brut connaissance & diffusion

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Colloque

De quoi la contre-culture est-elle le oui - Colloque 22 et 23 juin 2013 - Paris - Halle Saint Pierre, Collège International de Philosophie, Art brut connaissance & diffusion


Modérateurs : Jean Lebrun et Martine Lusardy
Projection en avant-première du film d’Alan Govenar : The beat hotel

ARGUMENT

La contre-culture est une culture nouvelle, souvent parallèle ou souterraine, qui entre en rébellion avec la culture officielle dont elle inverse les normes et les valeurs. Elle est le fait d’individus isolés, comme les auteurs d’art brut, ou le plus souvent le résultat de l’action collective de groupes ou de communautés.

La création, la critique systématique, le jeu, le détournement ou la dérision sont ses outils pour contester, renier une culture hégémonique jugée matérialiste, aliénante et obsolète. En permanente évolution, anti-dogmatique et anti-idéologique elle n’est pas pour autant une forme parodique de culture propre à anéantir toute forme de culture. L’énergie créatrice de la contre-culture, qu’elle soit la plus autonome ou la plus délirante, qu’elle s’accomplisse contre la morale et les lois, alimente la machine capitaliste autant qu’elle la contamine et la sabote.

En posant la question « de quoi la contre-culture est-elle le oui » ce colloque abordera la contre-culture comme force double, à la fois de contestation et de proposition et, à partir de cette problématique majeure, développera l’idée que les mouvements contre-culturels et leurs acteurs mettent en œuvre un contre-modèle de société aux accents utopiques, un autre monde.

Dès lors devra être posée la question de savoir comment aujourd’hui la contre-culture peut-elle maintenir sa charge subversive visant à l’émancipation du sujet alors que ses valeurs contestataires et transgressives des années 1960 ont été assimilées par la postmodernité et son néolibéralisme. Comment l’acteur de la contre-culture peut-il encore concevoir sa pratique d’artiste ou sa réflexion d’intellectuel comme une critique radicale de l’individu et de la société ?

La deuxième journée de ce colloque sera consacrée en particulier à la question de l’art brut, notamment au Japon. Est-ce que les productions de l’art brut et celles du Japon en particulier participent-elles à la contestation de la culture officielle ? Qui sont ces acteurs en rupture avec la société et la création artistique reconnue ? L’art brut nous offre la possibilité de penser « à côté » et nous enseigne le lien étroit que ces artistes, d’un genre particulier, entretiennent avec le monde. Si les œuvres d’art brut européen, du Japon ou d’ailleurs résonnent si profondément en nous, c’est bien qu’elles nous concernent au plus profond de nous-mêmes.


PROGRAMME

Samedi 22 juin 2013 : Contre-cultures

10h00-10h15
Ouverture du colloque par Jean Lebrun, Président de la Halle Saint Pierre, professeur agrégé d’Histoire, journaliste.

10H15 – 12h30

  • Laurent Danchin, agrégé de Lettres Modernes, écrivain, critique d’art et commissaire d’expositions.
    • Contre-culture ou nouvelle culture : la fin de la déconstruction ?
      L’histoire des arts a toujours été rythmée par de profonds changements de paradigmes, renvoyant brutalement l’esthétique antérieure aux rayons des archives ou dans les oubliettes … Dans le tournant géopolitique et culturel où se trouve le monde actuellement, les arts visuels traversent eux aussi une période de crise et de mutation. Très contesté pour son élitisme et sa dérive financière, l’art contemporain cherche un nouveau souffle, tandis que l’art des marges gagne en visibilité, illustrant une culture plus populaire. A l’ère du numérique, qui change la donne pour tout le monde, les frontières entre les époques et les genres semblent s’estomper, donnant lieu à de paradoxales hybridations. Quel sens faut-il donner à cette renaissance ? Et peut-on déjà entrevoir, dans ses grandes lignes, ce que sera l’art post-contemporain du XXIe siècle.
  • Christophe Bourseiller, acteur, écrivain, journaliste, homme de radio et de télévision, il est spécialiste des marges et des contre-cultures. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, parmi lesquels Les Ennemis du système, Vie et Mort de Guy Debord, Les Maoïstes et L’Extrémisme.
    • Les contre-cultures du singulier au pluriel
      Qu’est-ce qu’une contre-culture ? Comment interpréter le sens général des contestations et des ruptures culturelles de la seconde moitié du XXe siècle ? Les discours sur la notion de culture, sur les altérations qu’elle subit, sur la diversité des influences qui la transforment, abondent ; mais ces discours font peu de place à la notion de contre-culture. Il est pourtant impossible d’en ignorer les innombrables expressions : Beat Generation, pop philosophie, rock culture, révolution psychédélique, mouvement punk, new wave, black metal… car les contre-cultures entendent porter la révolution dans la vie quotidienne.
  • Rémi Sussan, journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies. Il s’intéresse notamment aux retombées sociologiques de l’usage des techniques, ainsi qu’aux mouvements parallèles et alternatifs qui en découlent.
    • La contre-culture futuriste
      La contre-culture américaine, qu’on imagine volontiers anti-technologique et bucolique, a en fait abrité en son sein un fort courant “futuriste” nourri au lait de la science-fiction. De fait bon nombre des pionniers du mouvement psychédélique ont joué un rôle non-négligeable dans l’avènement de la cyberculture des années 90 et 2000.
      Quels ont été les thèmes de cette “contre-culture prométhéenne”, pour employer l’expression de l’un de ses principaux acteurs, R.U Sirius ? Et quel est son avenir dans un monde dominé par Google et Facebook ?

14H30 – 17H00

  • Olivier Penot-Lacassagne, maître de conférences à l’université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, auteur de plusieurs essais sur Antonin Artaud et sur les avant-gardes poétiques et théâtrales.
    • Antonin Artaud, figure contre-culturelle ?
      Les années 1960 et 1970 font d’Antonin Artaud une figure tutélaire du combat avant-gardiste et de la contestation contre-culturelle. “Révision haletante de la culture”, ”abracadabrante chevauchée du corps à travers tous les totems d’une culture ruinée avant d’avoir pris corps”, son œuvre nourrit, à tort ou à raison, les écarts, les rébellions, les sécessions de cette époque troublée.
  • Henri-Pierre Jeudy, sociologue, philosophe et écrivain, ses recherches portent sur plusieurs thématiques : la peur et la panique, les médias et les ruses de la communication, les mémoires collectives, les patrimoines et les catastrophes, l’esthétique urbaine.
    • Le mythe de la création artistique (ou, comment peut-on croire en l’art ?
      Non seulement le nombre d’artistes est croissant parce que l’art contemporain permet à beaucoup de gens de croire en leurs capacités de création, mais le métier d’artiste lui-même est l’emblème du nouveau travailleur apte à engendrer par lui-même une plasticité et une diversité d’activités. N’est-il pas curieux de constater qu’en notre époque où règne une modélisation de plus en plus déterminante de ce que certains appellent le « tout culturel », la croyance en la liberté de création épouse la certitude de l’émancipation ?
      Qu’en est-il d’une « anthropophagie culturelle » dans les mégapoles où les pouvoirs politiques cherchent à stratifier la diversité culturelle ?
  • Laurent Danchin,agrégé de Lettres Modernes, écrivain, critique d’art et commissaire d’expositions.
    • L’art brut à l’ère de la com’ : quels critères ? Quelles définitions ?
      Longtemps resté le jardin secret d’une poignée d’amateurs, collectionneurs, écrivains ou artistes, l’art brut est aujourd’hui à la mode et quitte son statut de marginalité. Sous l’effet d’une triple reconnaissance – de l’institution, de l’université et du marché –, il rejoint l’histoire de l’art, se confronte à l’art contemporain et, pour la première fois, atteint le grand public par l’intermédiaire des nouveaux réseaux sociaux et grâce à l’intérêt que lui accordent les grands médias. Conjointement le regard sur l’art brut change : on étudie ses sources, questionne son identité ou sa légitimité même, revisite les définitions et parti pris de son inventeur, le peintre Jean Dubuffet. De l’âge des pionniers on est passé à celui de la vulgarisation, au risque de toutes les dérives et de tous les amalgames. Comment interpréter cette nouvelle conjoncture ? Quels critères formels et quelle définition nouvelle peut-on donner de l’art brut aujourd’hui ? S’il existe bien en tant que catégorie artistique singulière.
  • Olivier Cachin, journaliste, écrivain, spécialiste Hip-Hop et du rap français. Anime “Collection Privée » sur Le Mouv (92.1) tous les samedis et dimanches de 12h00 à 14h00
    • La culture hip-hop
      Le rap est-il encore la musique d’une alternative à la culture officielle ou a-t-il été digéré par le business ? Rejetée des médias et des élites quand elle a commencé à se développer dans les années 1980, la culture hip-hop est désormais présente dans l’économie de la société du spectacle, aussi bien dans la musique que l’art graphique et la danse. La culture rap peut-elle encore être rebelle ? Et subversive ? Ou a-t-elle abdiqué ses utopies face au rouleau compresseur du grand Capital ?
  • Anne et Julien, journalistes, auteurs/réalisateurs, DJ, créateurs et rédacteurs en chef de la revue HEY ! modern art & pop culture et commissaires de l’exposition éponyme.

17h15-18h30


Projection en avant première du film The Beat Hotel, réalisé par Alan Govenar.
Alan Govenar est écrivain, folkloriste, photographe et cinéaste. Il est président de Documentary Arts, qu’il a fondé en 1985 pour présenter de nouvelles perspectives dans les domaines de l’histoire et de la diversité des cultures. Auteur d’une vingtaine de livres, il est lauréat de la bourse Guggenheim. La première off-Broadway de son film musical Blind Lemon Blues, réalisé avec Akin Babatunde reçu les critiques élogieuses du New York Times et de Variety.

Dimanche 23 juin 2013 : Art brut et contre-culture

Journée organisée en collaboration avec abcd (art brut connaissance & diffusion) et le Borderless Art Museum NO-MA (Japon)

10h00-10h15

  • Ouverture de la journée avec Martine Lusardy, directrice de la Halle Saint Pierre et Barbara Safarova, directrice de programme au CIPh, présidente d’association abcd (art brut connaissance & diffusion) et Rena Kano, critique d’art, historienne de l’art spécialisée dans l’art contemporain japonais.

10H15 – 12h30

  • Philippe Pelletier, géographe et spécialiste du Japon à l’Université Lyon 2
    • Shima, l’île en marge comme au centre du Japon
      Dans l’imaginaire tant géographique qu’artistique (cartes, récits de voyage…), l’île (shima) est une figure récurrente chez les Japonais, dès les récits mythologiques, comme chez les Occidentaux. Vu la disposition de l’archipel japonais, ce topos renvoie a priori à la périphérie des centaines d’îles habitées qui entourent les grandes îles. Mais, à l’intérieur des terres, le cœur historique même de Honshû est aussi une île.
  • Agnès Giard : écrivaine, journaliste, spécialisée dans les questions de sexualité, en particulier au Japon (Les histoires d’amour au Japon, 2012, L’imaginaire érotique au Japon, 2006, etc.)
    • La notion d’esthétique émotionnelle au Japon.
      L’écrivain Natsume Sôseki aurait un jour traduit l’expression « je t’aime » par la phrase « La lune est belle » (« Tsuki ga kirei desu ne »). Que l’anecdote soit vrai ou pas, elle est en tout cas révélatrice de l’importance accordée à la qualité esthétique du vécu émotionnel : dans la culture japonaise, il en est de l’amour comme d’une œuvre d’art. C’est une expérience du beau, dont on mesure l’intensité avec des mots qui servent d’habitude à parler de poèmes, de visions ou de mélodies bouleversantes. On ne dit pas « l’amour », au Japon. On le vit. On le fait. On le ressent, suivant des codes particuliers qui attribuent aux perceptions plus de valeur qu’à la raison.
  • Kyoichi Tsuzuki, éditeur, photographe, spécialiste de la création « insolite » au Japon.
    • Le Japon « insolite »
      Contrairement à l’opinion populaire, la société japonaise s’est éloignée de la simple appropriation de la culture occidentale populaire. Comment les « artistes » issus de la culture populaire subvertissent les normes de cette culture ainsi que celles de la culture traditionnelle japonaise ? Qu’est-ce que leurs œuvres « étranges » disent sur l’identité contemporaine des Japonais ?

14H30 – 17H00

  • Anne Millerand, médecin généraliste,
    • La modernisation de la médecine japonaise d’Edo à Meiji : Rupture ou continuité ?
      Quel type de changement aurait provoqué l’ouverture du Japon à l’Occident à la fin de l’époque d’Edo, avec l’envoi de la délégation japonaise à l’Exposition universelle de Vienne en 1873. Comment est-ce que cette rencontre avec l’Occident a influencé le regard de la médecine japonaise sur la « folie » et sur le corps ?
  • Lucienne Peiry, successeur de à Michel Thévoz à la tête de la Collection de l’art brut de Lausanne, elle en est maintenant la directrice de la recherche et des relations internationales. Auteure de plusieurs ouvrages et articles sur des créateurs d’Art Brut.
    • La force des utopies – brodée, peinte, écrite, ailée. Helga Goetze, Gustav Mesmer, Masao Obata, et Eijiro Myiama
  • Yoshiko Hata, directrice artistique du Borderless Art Museum NO-MA, animatrice de l’atelier Suzukake.
    • L’art brut du Japon et la création dans des ateliers
      L’exposition L’art brut japonais (Paris, Halle Saint-Pierre, 24 mars 2010 – 2 janvier 2011) a fait découvrir au public parisien un certain nombre d’œuvres créées dans des ateliers. Quel est l’enjeu social de ce type de création dans le Japon contemporain ? Comment se rencontrent les points de vue social et esthétique ? Comment est-ce que ces créateurs s’inscrivent dans le champ artistique contemporain ?

17h00 – 18H00

  • Table ronde avec les intervenants
    • L’art brut japonais : comment renconter les artistes et leurs œuvres ?
      Mario del Curto, photographe et réalisateur
      Rena Kano, critique d’art, historienne de l’art spécialisée dans l’art contemporain japonais
      Martine Lusardy, directrice de la Halle Saint Pierre
      Barbara Safarova, directrice de programme au CIPh, présidente d’association abcd (art brut connaissance & diffusion)

Lieu : Maison des Cultures du Monde
101 Bld Raspail – 75006 Paris
entrée libre sur réservation : 01 42 58 72 89

Colloque organisé par la Halle Saint Pierre & Le Collège International de Philosophie, et abcd (art brut connaissance & diffusion) - dans le cadre du Festival de l’Imaginaire - Samedi 22 et dimanche 23 juin 2013


Voir en ligne : Halle Saint Pierre - Annonce

modifie le 29 décembre 2013