Quels leviers pour le développement économique de proximité dans un contexte numérique ?

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Quels leviers pour le développement économique de proximité dans un contexte numérique ?


Les 20es Rencontres Nationales de l’Économie Territoriale Vichy - 18 / 19 et 20 mai 2011 visent 3 jours de travail et de convivialité entre professionnels du développement économique. L’occasion de prendre un peu de recul et peut-être de réinvestir le champ des fondamentaux de l’économie locale dans une époque numérique ?
Quelques repères suggérant investigations et échanges…

1- Champs d’action à réinvestir

  • Reconsidérer le champ et la compétence du développement économique. Comme le mentionne fort justement l’analyse conduite par l’ADCF et lISM sur les modes d’action économique des intercommunalités il y a déficit de compétences disponibles au sein des communautés pour élaborer un diagnostic économique préalable à toute stratégie territoriale. Il est dommage que de nombreux développeurs, formés pourtant, soient devenus des chasseurs de « subventions » ! Cela contribue au délaissement par les élus, des activités industrielles créatrices d’emplois et de richesses en faveur d’autres activités et de l’économie résidentielle ; alors même que le contexte numérique déconnecte de plus en plus lieux d’habitat et lieux d’activité professionnelle.
  • Revisiter, en y incluant mobilité, flexibilité et travail à distance, la performance du travail sur le territoire de proximité. Si la présence physique au bureau n’est plus indispensable pour garantir la productivité ; il est utile que les acteurs réduisent la « réuniomania »… Consommation excessive de temps et coût des déplacements (cela pourrait être la première attitude éco-responsable !). Les réunions de visu, plus ponctuelles et ciblées, reprenant alors toute leur force dans les processus décisionnels locaux.
  • La prégnance des territoires géopolitiques aux frontières institutionnelles contribue à conforter le développement économique par des pratiques numériques ou des raisonnements qui visent souvent plus « l’identitaire local » que le « marché numérique des éco-systèmes en construction ». On peut citer à titre d’exemple :
    • le déploiement des DSP (délégation de service public) focalisé sur l’aménagement numérique des territoires institutionnels (lire à l’inverse la dynamique et le potentiel du premier mètre - Réussir ou échouer son développement local ), laisse de côté les questions pourtant essentielles d’une maîtrise dans l’interconnexion des « plaques numériques locales » et l’émergence de Gix locaux [1] diminuant pour les entreprises en particulier le coût des connexions.
    • la création de télécentres compris d’abord comme un équipement du territoire. « Peut-on faire de l’économie à distance un modèle économique et de développement ? » souligne l’atelier N°5 des rencontres. Cela supposerait d’appréhender les télécentres, qui se veulent un facilitateur de l’économie à distance, dans une vraie logique d’entrepreneuriat local responsable et pas de simple équipement (avec subventions) mis à disposition de télétravailleurs ou travailleurs nomades. Les travailleurs de ce type ou leur employeur étant dans les circuits économiques devraient porter pleinement la prise de risque de ce tiers-lieu, sa valorisation et sa rentabilité économique / financière locale. Ceci par exemple en donnant une personnalité dans un éco-système ad hoc ; et non y affecter de simples fonctions de connexions ou d’accueil plus ou moins exploitées.
    • l’attachement à une terminologie de « bassin d’emplois » … alors même que l’époque numérique fait exploser ses frontières et s’attache surtout à l’employabilité des habitants… Les terminologies ont la vie dure…
  • Dans un monde numérique, il faut intégrer la prégnance des territoires et communautés numériques. La focalisation sur la réforme territoriale (sujet d’intérêt par ailleurs) et les futurs modes d’élection ou de collecte des ressources… peuvent cependant faire perdre le nord aux décideurs locaux tant le « nord numérique » est variable. Les clusters et dispositifs similaires, les questions de mobilité numérique et de nomadisme esquissent le déploiement de territoires numériques à partir de communautés thématiques.
  • L’économie de proximité sera aussi une économie de la Gouvernance : dialogue, transparence, crowdsoursing, co-production des décisions, facilitation des initiatives, forme coopérative des actions (1 acteur = 1 voix)… Les territoires qui réussiront dans une époque numérique ne seront pas seulement ceux à projet politique, économique, environnemental, social (style développement durable)… mais ceux ayant le « tonus » des leaders et des visions stratégiques à moyen terme (en allant au delà de l’horizon gestionnaire). Il faudra aussi disposer d’une véritable diaspora internationale ou communautaire et pas seulement multiplier les réseaux d’appartenance (type sociaux) ou avoir des bureaux à Bruxelles…
  • La question trop souvent non traitée de la création de valeur ajoutée dans la chaîne de productions des activités locales. Le contexte numérique particulièrement mouvant en déplace les sujets, les modalités, l’échelle des temps.

2- Fausses bonnes idées

  • Continuer à parler « TIC » alors que nous sommes dans une époque de flux numériques.
  • Raisonner seulement territoire géopolitique, alors que les créations de valeurs émergent dans des éco-systèmes et des communautés numériques révélateurs de l’importance des territoires numériques [2].
  • Continuer à prioriser la seule voie de la gestion, du fait de la situation financière nouvelle des collectivités, alors qu’il faut davantage identifier les voies nouvelles de création de valeur et donc de ressources pour les collectivités et de richesse globale du territoire.
  • Poursuivre selon les suggestions des communiquants (y compris sur les nouveaux discours sur la e-réputaiton ou l’usage des réseaux sociaux), alors que le positionnement des organisations locales (publiques ou privées) se fera d’abord sur leurs fondamentaux et sur la capacité de leur production (services / produits) à se situer dans des éco-systèmes, pouvant constituer des cercles vertueux et reconnus par les habitants, les usagers du territoire, les clients du produit / service.

3- Capacité de réactivité et attitude proactive

  • Apprendre à investir et découvrir les champs d’actions de l’aménagement des territoires numériques émergents. [3].
  • Anticiper de l’évolution des facteurs de localisation sur les zones économiques avec l’arrivée des objets communicants permettant de piloter à distance les process industriels de fabrication. Au delà des facteurs classiques sociaux, éducatifs, logements, culturels, numériques, financiers d’implantation ; les acteurs locaux doivent être capable d’offrir, en plus, d’autres atouts pour séduire les acteurs économiques.
  • Conforter l’employabilité des habitants en repartant de savoir-faire locaux ancrés dans le territoire qu’ils soient anciens ou récents. Approfondir leur volet aptitude à faire et pas uniquement métier [4].
  • Aujourd’hui encore, les acteurs des territoires voient le développement local selon le thème du moment. Cependant, plusieurs « en reviennent » en se rendant compte que, hors le volet filière, les thèmes du développement durable ou du numérique en logique réseaux techniques par exemple, créent peu d’emplois induits par ailleurs… Dans une économie compétitive du développement, il faut mieux avoir un train d’avance… Dans une économie numérique où l’unité de temps a changé… il est incontournable, au-delà des questions d’anticipation, d’adopter la posture du découvreur, de l’explorateur… en acceptant d’aller vers des « Terra Incognita » [5].

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