Pour une raison écologique - Bernard Perret

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Fiche Ressources DLD N°920-2056

Pour une raison écologique - Bernard Perret

« L’Histoire enseigne que les peuples sont capables d’affronter lucidement les plus grands défis pour peu qu’ils trouvent un sens à s’unir et à combattre. Promettre du sang, de la sueur et des larmes n’est pas sans doute à la portée de n’importe quel responsable politique, mais il est encore plus irréaliste de vouloir bâtir une action collective sur un déni de réalité ». Tel est le message que Bernard Perret veut transmettre « à vous tous, qui êtes les restes du monde » (comme le disait Ionesco) [1].

Nous sommes en train de détruire notre milieu de vie, la niche écologique : nous nous cramponnons à des modes de pensée et d’action, et avons du mal à nous interroger sur les raisons du changement qui conduira vers du développement durable :

  • Mettre à jour les conditions sociales (structures sociales) de la transition vers un nouveau modèle de développement autre que celui de la raison collective actuelle entièrement occupée par l’économie (nous vivons dans l’empire des marchés financiers).
  • Repenser la cohérence de nos raisons d’agir (sans éviter le questionnement éthique), s’imprégner du souci du long terme (différer un plaisir, renoncer à ce qui est offert dans le champ), parler au nom de l’avenir en se fondant sur un sens élevé de la dignité et de la vocation humaine.
  • Déplacer nos manières de lire le monde pour l’homo économicus qui est en nous, se métamorphose en « homo viabilis », l’homme viable ou, mieux « celui qui trace un nouveau chemin » (une nouvelle « Voie » dit E. Morin) : non de rendre la Société meilleure, mais de la rendre viable. Le moment est venu de faire le pari de la lucidité en mettant les gens face à la réalité et à leurs responsabilités.

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Introduction

La condition première de la responsabilisation est l’intelligence partagée des enjeux, l’intériorisation par chaque membre de la société des conditions de notre survie collective.

Depuis les années 1980, l’humanité consomme et détruit plus que la terre n’est capable de produire et de régénérer ; les produits de la mer sont une ressource vitale pour des centaines de millions d’êtres humains ; les abeilles jouent un rôle irremplaçable dans la pollinisation des cultures.

Que se passera-t-il si la température du globe augmente de 3° à 4° ? [2] La hausse du niveau des mers (sans doute de plus d’un mètre d’ici la fin du siècle), entraînera la submersion des zones côtières, la gestion de l’eau, la biodiversité, la santé, l’habitat, l’agriculture. Les humains sont dans l’obligation de partager un bien l’atmosphère qui n’existe qu’en quantité limitée. Ce bien est lié à l’énergie, cœur du développement économique.

Les illusions de la croissance verte : est-il possible de réduire l’impact de la croissance sur l’environnement ? Le développement économique réclame chaque année sa rançon de surfaces à urbaniser, et d’emprises pour les infrastructures de transport. Est-il possible de produire des biens qui durent plus longtemps, facile à réparer, fabriqués à partir de composants biodégradables ou réutilisables ? Est-il possible de poursuivre le passage d’une économie d’objets appropriables à une économie de services (économie de fonctionnalité, laissant au fabricant le soin de gérer la maintenance des objets) [3]. Poursuivre la réduction des émissions (de gaz à effet de serre) qui a diminué de 10,3%, entre 1990 et fin 2009, en France. Cela va avec une réduction des mobilités (1/3 des émissions), de la consommation des chauffages (réduits de 50% au m2 mais qui n’a diminué que de 13% entre 1873 et 2006). Le secteur informatique augmente sa consommation, même si par unité de traitement elle a diminué (13,5% de la consommation française).

Janvier 2010, fin du Concorde (après l’accident), Barak Obanna déclare la fin de retourner sur la lune : début d’une prise de conscience de l’absurdité de l’accélération, l’utopie du transport toujours plus rapide.

Les problèmes importants qui sont devant nous ne peuvent être résolus par le genre de pensée qui les a créés. La nature de la question écologique oblige de penser en dehors du cadre de la théorie économique qui considère « à priori » les biens communs comme des valeurs inchangeables et, en même temps, la nécessité d’imposer des limites physiques à la production de ces biens. Voilà les œillères de la pensée économique !
Mais il est difficile de traduire en terme monétaire l’avantage que représente pour l’humanité une réduction des émissions de CO2 (l’horizon à prendre en compte est indéterminé). Que vaut le bien-être d’un humain du siècle prochain ? Quel prix donner à la biodiversité (oxygène des plantes vertes, pollinisation des plantes par les abeilles, molécules naturelles aux propriétés thérapeutiques). Ce qui n’est pas encore là a moins de valeur pour nous que le présent.
Or la concurrence est un mécanisme foncièrement court termiste, la course pousse à privilégier les performances immédiates (les épargnants ne s’impliquent que rarement sur le long terme). Les chances de gains du manager ont presque toujours à gagner dans la fuite en avant que dans l’assainissement des bilans : obtenir des gains élevés débouche sur des décisions hasardeuses (crise financière, catastrophes engendrées).
Le principe de précaution ne marque pas seulement les limites des raisonnements économiques, il prend en compte le fait que les scientifiques ne peuvent pas tout prévoir et que des décisions importantes pour l’avenir doivent être prises en situation d’incertitude. Ce principe est écartelé entre les notions rassurantes d’efficacité, de commensurabilité, et de coût raisonnable, et de l’autre l’insistance sur des connaissances et la gravité et l’irréversibilité des dommages. Reste la difficulté d’articuler la logique de marché (droit à polluer), et celle de l’effort partagé (santé, accès à la justice, le devoir de limiter son prélèvement sur les ressources communes non renouvelables de la Planète).

La déraison de l’Etat : la raison politique est-elle capable à elle seule de pallier les déficiences de la raison économique ? 90% du droit de l’environnement est d’origine communautaire et dès 1970 les USA ont pris des mesures de lutte contre la pollution, pour la protection des espaces naturels. Aujourd’hui, les objectifs écologiques et économiques sont plus difficiles à concilier ; l’intérêt particulier (groupe de pression, citoyen électeur privilégiant le court terme) prend le pas sur l’intérêt général. La tiédeur écologique des états apparaît face aux formes de mobilisation mises en œuvre dans le cadre de projets locaux de développement durable (agenda 21) dont les résultats palpables se concrétisent en qualité de vie, cohésion sociale, identité territoriale.
La force motrice d’une société de classe peut-être résumée d’une phrase : « j’ai faim » ! Le moteur qui sous-tend la société du risque peut s‘exprimer par la phrase : « j’ai peur » ! (Ulrich Beck). L’Etat est alors interpellé : algues vertes en Bretagne, canicule de 2003, Xyanthia de 2010, et répond à ce qui menace le plus sans déboucher sur une compréhension globale des interactions entre l’humanité et son environnement.

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D’une raison à l’autre

    • 1. Le mot raison désigne d’abord l’activité consciente de l’esprit humain, les procédures de pensée qui nous permettent d’exercer un contrôle sur nos jugements et nos actes, en les confrontant les uns aux autres aux contraintes exercées par le monde extérieur et, enfin, aux fins que nous nous sommes donnés.
    • 2. Les contraintes sont de cohérence interne (nous ne pouvons penser simultanément une chose et son contraire).Les contraintes sont de cohérence avec la réalité (nous ne pouvons croire que ce que nous voyons n’existe pas).
    • 3. le cadre de nos pensées est mouvant et incertain, notamment quand aux horizons temporels qui le structure.
    • 4. Le cadre social de l’action rationnelle est constitué des motifs (causes motrices de l’action), des représentations sociales (descriptions partagées d’un aspect de la réalité sociale), des règles prescrivant certaines actions et en interdisant d’autres.

La raison économique crée un contexte d’interprétation dans lequel s’ordonne un grand nombre d’objectifs immédiats ou différés. L’économie de marché est un fonctionnement social qui donne un minimum de cohésion et de dynamique à la vie sociale.
La force de cette économie est de faire reposer la socialisation sur une transformation anthropologique (autres que les anciennes valeurs aristocratiques de l’honneur et de la gloire) de la rationalisation de l’existence individuelle. L’individu devient l’Homo économicus, stabilisant les comportements dans des conduites qui paraissent rationnelles à leurs yeux et aux yeux des autres. La raison économique entretient un rapport profond avec la liberté, l’expérience de soi, la relation positive à autrui.

 

Sous l’effet d’un ensemble de facteurs - choc des cultures, déstabilisation des traditions et des institutions, montée des risques et des incertitudes – les pratiques sociales tendent à se modifier de l’intérieur à travers l’activité réflexive de ceux qui en sont partie, comme la propension croissante des individus : à inventer leur propre système de valeurs et de croyances en « bricolant » divers héritages. à s’impliquer plus activement dans la construction de leurs propres cadres d’actions et de pensées. Notre seconde modernité se caractérise par le fait que les individus mobilisent plus intensément les connaissances auxquelles ils ont accès pour réexaminer en continu le contexte et le sens de leurs actions. Le sentiment s’accroît de vivre dans l’incertitude avec l’obligation de tracer soi-même sa route au milieu de repères qui sont sans cesse plus fous : mais cela ne permet pas de trouver la sortie. L’envie de vivre implique un intérêt pour la continuité du monde : la raison est toujours sous-tendue par un idéal, une notion transcendante, elle est toujours liées à des principes que l’on ne peut entièrement fonder.

La raison écologique offre-t-elle un cadre global d’orientation des conduites individuelles ? Le souci du long terme constitue le noyau rationnel de l’attitude écologique. Notre volonté de durer en tant qu’espèce constitue le fondement le plus assuré de la raison écologique. Le désir de faire durer le monde humain, l’idée de prospérité [4] contient la promesse d’un bonheur durable. L’exigence de s’engager pour un avenir collectif qui transcende le destin des individus, n’a en elle-même rien de nouveau : l’inédit est le fait que le sort de l’espèce entière est entre nos mains. La survie de l’humanité passe par une décision consciente et l’action volontaire d’un grand nombre d’individus.
« Agir de telle manière que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre » Hans Jonas. Nous sommes devenus par notre pouvoir de destruction objectivement responsables du maintien de la vie humaine sur la terre. « La terre nouvelle de la pratique collective, dans laquelle nous sommes entrés avec la technologie de pointe, est encore une terre vierge de la théorie éthique »Hans Jonas. Le principe de responsabilité nous oblige à regarder le monde futur au-delà de l’étroit domaine éclairé par nos liens affectifs (nous-mêmes, notre famille proche, l’intérêt de nos enfants). Mais il y a une distorsion entre les enjeux planétaires et les actions individuelles :

    • Construire une citoyenneté écologique n’ira pas sans réviser notre conception des droits et devoirs du citoyen ;
    • La raison économique est rusée, elle se sert des passions humaines pour produire le bien ;

Il est possible de croire que la main invisible du marché pousse les agents économiques à faire ce qui est bon pour la collectivité. Le passage à l’ère de l’irréversible change la donne. Il faudra être plus vertueux, chercher consciemment et résolument le bien commun sans attendre qu’il résulte comme par miracle de nos calculs intéressés. La raison écologique s’appuie sur la lucidité et la vertu plutôt que l’intérêt : dépasser le stade de l’homo économicus pour atteindre celui de l’Homo viabilis, dans une dimension cosmopolitique.

La raison écologique a besoin de convictions partagées sur le sens de l’avenir qui remplacent l’ancienne foi dans le progrès et la croissance. Le nouveau sacré (la nature, l’écologie profonde) est devenu digne de considération morale pour elle-même, indépendamment de tout coefficient d’utilité pour l’existence des hommes : mais n’est-ce pas se résigner à la disparition de l’espèce humaine ? Or ce qui importe avant tout, même lorsque nous manifestons le souci de protéger la nature, c’est le monde commun, c’est à dire l’ensemble des significations que nous partageons avec nos semblables. Le souci de la durabilité du monde humain est une affaire humaine.
Un développement vraiment durable suppose un dépassement du système capitaliste : plus de place au partage et moins à la concurrence. La morale humaine est en attente, remplie d’éléments qui font signe vers un monde réconcilié, délivré de la souffrance et de l’injustice, non encore conscient, non encore devenu, non encore manifesté.

    • le socialisme d’inspiration marxiste incorporait une forme de sacré sous la force morale de l’idéal révolutionnaire ;
    • l’écologie présente l’avenir comme un devoir et les promesses qu’il contient n’ont rien d’évident. L’écologie n’est pas une utopie aussi « vendable » que le socialisme, elle a l’ambition de tracer de nouveaux chemins vers le bonheur ; elle ne promet pas une croissance infinie mais une vie plus sobre, une qualité de la vie.

 

L’espérance est l’attente d’un événement futur que l’on désire et que l’on pressent sans posséder la certitude rationnelle de sa survenance, c’est donc prendre le risque de se confronter à l’inconnaissable, d’accéder à l’Essentiel. S’il est une chose à espérer c’est que « même à l’avenir, chaque satisfaction engendre son insatisfaction, chaque avoir son désir, chaque patience son impatience, chaque liberté sa tentation, et même chaque bonheur son malheur » Hans Jonas.
L’espérance renforce la responsabilité personnelle, elle implique que la vie humaine ne vaut pas seulement comme réalité actuelle et accomplie, mais aussi par tout ce qu’elle comporte de potentiel et d’inaccompli. L’objet de cette responsabilité est la vie humaine en général : ce que la naissance d’un enfant apporte au monde, c’est une liberté, une capacité d’agir de manière imprévue et créative.
Le futur peut-être vu comme le devenir du monde passé et présent, ce qui résultera de leurs dynamiques endogènes.
L’avenir ne renvoie pas au devenir mais à l’advenir, c’est à dire aux événements ou aux personnes qui viennent à nous. L’événement est lié à l’incertitude, à l’acquisition d’une information nouvelle, c’est ce qui oblige à penser différemment.
Certains événements sont porteurs de significations nouvelles qui peuvent aller jusqu’à une nouvelle vision de ce qui fait la valeur de notre existence : l’événement est ce par quoi le sens arrive, ce qui permet de penser la possibilité de l’impensable. Nous somme engagés dans une histoire inachevée, un monde défiguré par l’injustice et la violence, nous pouvons séparer le désir de la faire durer et de l’améliorer.

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Elément d’un nouveau cadre de rationalité (écologique).

Le dépassement de la raison économique impose un effort sans précédent de lucidité et de créativité face à la réalité et à nos responsabilités. Les nouveauté mots clé sont : travail en réseau, management par le sens, mise en pouvoir des agents et de la société civile, dialogue avec les parties prenantes, évaluation partagée, débat public, démocratie participative.
L’invention des droits des générations futures reste un artifice rhétorique tant qu’il n’est pas inscrit à la Déclaration des droits de l’homme. Quant au principe de précaution n’est-il pas aussi une figure rhétorique s’il ne débouche pas sur une action en justice (changement climatique : l’approche actuarielle du risque ne s’applique ni au changement climatique ni aux menaces globales [5] auxquelles on pense quand on évoque le principe de responsabilité. La finalité constitutive du droit est la défense des intérêts individuels.
Pour fonder juridiquement un développement durable, on aurait besoin :

  • d’un principe de limitation qui obligerait à prendre en compte les limites de la biosphère dans toutes les décisions ;
  • d’un principe de sobriété qui obligerait à faire un usage aussi limité que possible des ressources non renouvelables ou dont la production risque d’avoir des effets réversibles sur la biosphère.

 
Les générations futures n’ont aucune part dans nos délibérations et nos votes. Il n’y a pas de lobby de l’avenir or le véritable enjeu de l’écologie est de donner sa chance à la naissance d’une nouvelle humanité, en approfondissant la démocratie afin d’assurer une représentation des enjeux.  
Sans faire de la nature une idole digne de tous les sacrifices, il n’en reste pas moins vrai que nous sommes dépendants de la nature autant que nos ancêtres :

  • Les pratiques de l’agriculture moderne provoquant l’érosion des sols ne sont pas durables ;
  • La vraie richesse est celle que l’agriculture tire de la terre (physiocrate) ; plus nous progressons dans la compréhension de la nature plus nous prenons conscience de son irréductible complexité et de la fragilité des équilibres dont nous dépendons : les feuilles des arbres récupèrent 90% des photons qui les atteignent alors que le rendement des panneaux solaires ne dépassent pas 20% ; la médecine par les plantes est une autre richesse.
  • Utiliser efficacement les ressources rares : en 2008, les énergies renouvelables ne représentaient que 7% de la consommation française d’énergie primaire.
  • Réutiliser, réparer, recycler : en finir avec le tout jetable, ingérer les contraintes du recyclage dès la conception des produits : favoriser l’écologie industrielle en tirant profit des complémentarités techniques entre différentes activités productives sur un espace de proximité.
  • L’économie de la fonctionnalité consiste à intégrer la mutualisation d’un bien dans une nouvelle offre marchande, en substituant la vente d’un service d’usage (accès à internet) à celle du bien lui-même (la live box), ce qui suppose un effort d’éco- conception, la maximisation du service produit avec un même équipement, coût de maintenance, (c’est une application de l’économie de la connaissance, développée par le capitalisme cognitif).
  • Le capitalisme va connaître un ensemble de transformations qui finiront par changer sa nature. La gouvernance des biens (le redéploiement de la fonction politique dans des dispositifs de gestion collective de biens communs à différentes échelles) pourrait devenir le paradigme central d’une nouvelle économie politique : celle-ci centrée sur l’utilisation parcimonieuse de ressources limitées pose la question des enjeux de justice distributive, du partage de « biens communs mondiaux » qui ne peuvent être gérés efficacement que de manières coopérative (l’environnement, le climat, la biodiversité océanique).
  • L’économie d’une responsabilité collective sur le devenir de la planète passe par une limitation du droit de modifier l’usage du sol et suppose une métamorphose du droit de propriété, d’autant que celui-ci subit une érosion dans les domaines intellectuelles et artistique : comment développer une culture de la copropriété et de la gouvernance collective des biens dans la durée (ex : contrat de performance énergétique, développement du partenariat au détriment de la concurrence, Réglementation confèrent un caractère normatif à l’intégration des facteurs ESG dans l’analyse financière).
  • Réinventer la planification : PDU, SCOT, plan climat, agenda 21, en concertation.

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Penser en terme de qualité du vécu, du Bien Etre.

La corrélation croissance et bien être social est assez étroite en de ça d’un certain niveau de revenu par tête (entre 12000 et 18000 dollars annuels par personne, Jean Gadrey) et qu’elle tend à disparaître au-delà. Tout se passe comme si l’on assistait à une baisse tendancielle du taux de conversion de la consommation marchande en bien être social. La commission Stiglitz établit « une distinction entre l’évaluation du bien être présent et l’évolution de sa soutenabilité, c’est à dire de sa capacité à se maintenir dans le temps ». Les stocks de capital qui importent pour notre vie (capital naturel, physique, humain, social) seront-ils ou non transmis aux générations à venir ? 
« Il existe un consensus sur le fait que la qualité de vie dépend de la santé, de l’éducation, des conditions de vie quotidienne (dont le droit à un emploi et un logement décent), de la participation au processus politique, de l’environnement social et naturel des personnes et des facteurs qui définissent leur sécurité personnelle et économique. Le bien être subjectif comprend : bonheur, satisfaction, joie, fierté, souffrance, inquiétude seule leur mesure dégagerait une appréciation globale de la vie des personnes.
S ‘enrichir c’est se donner les moyens de rêver éveillé, le bonheur ne vaut qu’en terme de promesse de bonheur. Le caractère attractif et esthétique d’une vie simple et conviviale doit devenir dès à présent un signe de ralliement et un motif pour agir :

  • Cultiver l’intelligence écologique c’est partager des enjeux, une expertise collective comme moyen de décloisonner les savoirs et de se confronter ensemble à des questions formulées du point de vue de l’intérêt général.
  • Cultiver les responsabilités, c’est développer de nouvelles manières de combiner démocratie et connaissances.
  • Cultiver le sens de la beauté et de ses mystères en tant que figures des énigmes qui entourent notre propre vie.
  • Cultiver la complexité, c’est combiner des interrelations entre innovations techniques et organisationnelles, et de transformations sociales, voire culturelles et spirituelles.


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Flammarion mars 2011 (276p.)