Dans sa dernière édition, « Les Brefs » du site Notre Europe, donnent un bon récapitulatif des questions de développement local en Europe.
« Depuis la mi-2008, la perspective d’une crise longue et multiforme aggravée par de fortes contraintes environnementales et énergétiques a fait resurgir en Europe le réflexe de la proximité. Dans ce contexte, la Commission européenne a retenu dans ses conclusions au 5e Rapport Cohésion le développement local comme l’une des modalités possibles d’utilisation des fonds structurels, afin de renforcer la cohésion dans certains quartiers urbains, groupes, voire territoires à l’écart de la dynamique des centres, et de contribuer aux objectifs de la stratégie Europe 2020. »
Quelques extraits
- Que sait-on du développement local ?
- Une définition empirique
- « Cette définition met en avant plusieurs éléments également déterminants : le lieu – souvent un bassin de vie, un « pays », une vallée, un bassin d’emploi, un quartier, mais rarement une circonscription administrative –, les partenaires multiples issus des secteurs public, privé et associatif et les méthodes collaboratives autour d’un projet fédérateur. »
- « Son succès s’explique par sa capacité à répondre à des problèmes de proximité, en mobilisant au mieux les ressources locales (humaines et financières) et les ressources externes accessibles (financement public ou privé) de manière à tracer une voie de mieux-être et de prospérité éventuellement reproductible et exportable. »
- « Une telle complexité différencie clairement le développement local d’autres types d’actions ou de réalisations initiées « par en haut », destinées à créer de nouveaux emplois ou de nouvelles activités. »
- Plusieurs écoles de pensée
- « Il n’y a pas à proprement parler de théories du développement local mais plutôt, parmi les théories d’économie régionale, des écoles de pensée qui proposent une reformulation de la théorie générale en se focalisant sur ses aspects locaux. »
Comme par ex : « les tenants du « développement par en bas » »… d’autres visent à « réduire la dépendance externe d’un territoire vis-à-vis des grandes firmes ou des régions dominantes »… ou encore « les partisans de la « smart growth » américaine, dont la version française pourrait être la « décroissance » »
- Pourquoi l’Union européenne s’y est-elle intéressée ?
- Une piste d’avenir pour des territoires délaissés ou menacés
- « Les décideurs politiques et administratifs européens … allaient pouvoir proposer un nouvel avenir à quelques territoires se sentant délaissés ou menacés par les progrès de la construction européenne »
- Des programmes à caractère plus ou moins expérimental
- « au cours des années 1990 : actions innovatrices, projets-pilotes, programmes d’initiative communautaire… cofinancés tantôt par le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional), le FSE (Fonds Social Européen) ou le FEOGA-orientation (Fonds Européen d’Orientation et de Garantie Agricole) »
- « A partir de 2000, la poursuite du soutien au développement local s’est réalisée presque exclusive- ment à travers trois programmes d’initiative communautaire, dans une logique plus sectorielle : URBAN pour la politique régionale, EQUAL pour la politique sociale et d’emploi, LEADER pour la poli- tique de développement rural. »
- « la situation d’ensemble est devenue à la fois plus floue et plus compliquée. Le faible nombre des projets associés au développement local et l’absence de relais politique fort lui ont fait perdre son caractère exemplaire et didactique au regard d’autres programmes de développement territorial… Les critères d’éligibilité ont privilégié de plus en plus la compétitivité économique… l’absence de soutien méthodologique au niveau européen n’a guère incité de nouvelles régions à tenter l’aventure. »
- Quel rôle a-t-il joué dans le développement régional européen ?
- "la Commission a explicité pour la première fois en 19942 ce qu’elle attendait du développement local.
- sensibiliser les décideurs à l’importance des investissements doux et des facteurs immatériels dans le processus de développement territorial… ;
- émanciper les populations sur le ter-rain, en leur donnant des méthodes pour prendre en mains leur propre avenir et les aider à participer pleinement au mouvement d’intégration européenne ;
- accélérer l’apprentissage du développement durable au plus bas niveau de gouvernance, en postulant une diffusion par imitation à d’autres territoires similaire…"
- « les rapports d’évaluation… ont butté sur la petite taille des réalisations, la difficulté de standardiser l’approche et plus généralement l’impossibilité de soumettre le développement local à une analyse classique de performance économique… Types d’impacts positifs constatés : meilleure exploitation des ressources locales, augmentation du capital social, processus d’apprentissage interactif, acquisition de compétences par la population, progrès dans la gouvernance locale et régionale, efficience accrue dans la mise en œuvre des programmes et la gestion des fonds. » - Cf le texte pour l’analyse micro et macro.
- « les experts reconnaissent au développement local une valeur ajoutée significative… il permet de comprendre les nouveaux schémas de développement, de résoudre les problèmes de développement qui se posent à une petite échelle, d’améliorer la gouvernance, de rendre plus effective la politique de cohésion et de promouvoir la coopération entre les territoires. »
- Quelles leçons peut-on tirer des meilleures politiques de soutien ?
- Les conditions-clés du succès
- « Deux questions : Pourquoi là et pas ailleurs ? Comment étendre ce phénomène quasi-spontané ? »
- « Pour un groupe, un projet ou un territoire donné, le succès ne viendra que s’il peut compter sur plusieurs facteurs : des ressources humaines mobilisables, une structure d’appui dédiée qui lui donnera les moyens d’agir et d’acquérir des compétences, des instruments financiers spécifiques, des attitudes de coopération et l’existence d’un climat de confiance, un partenariat large multisectoriel, des acteurs et des responsables politiques engagés et enfin, une division claire du travail entre les partenaires. »
- Une difficile généralisation
- « La généralisation du développement local… ou encore l’augmentation de la taille des initiatives de développement local, leur multiplication et la standardisation de la méthode, n’ont cessé de préoccuper les chercheurs comme les gestionnaires de programmes… les tentatives se sont révélées décevantes. »
- « l’Union européenne a cherché à rétrocéder aux niveaux national et régional le soutien au développement local. Selon la plupart des experts, cet essai s’est soldé par un échec, avec une dilution du concept, une perte de visibilité et un amoindrissement des interventions »
- Quel avenir pour le développement local ?
- Un contexte de crise paradoxalement favorable
- « Progrès dans le débat public des idées relatives à la prise en compte du bien-être et de l’état de l’environnement dans le calcul de la richesse des nations… marginalité économique durable des territoires éloignés de la globalisation… mise en place d’indicateurs plus avancés que ceux du PNUD et analyse plus poussée des externalités négatives des agglomérations… »
- « Dans un contexte où les financements publics vont être de plus en plus contraints, une approche faiblement consommatrice de crédits, même si elle est fortement exigeante en ressources humaines, peut assurément être attractive. »
- Un instrument pour faciliter l’entrée dans un nouveau cycle économique
- "La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans Europe 2020 peut accélérer la concrétisation de deux pistes prometteuses pour le développement local.
- Premièrement, en permettant l’agrégation au plan mondial des demandes très marginales quantitativement et l’allongement de la durée de vie de l’offre, Internet déplace les seuils de rentabilité de manière très appréciable pour des produits et des services locaux. De plus, la possibilité d’inte-raction des consommateurs sur le contenu même de l’offre donne de nouvelles chances à des territoires enclavés et à leurs économies, notamment en matière touristique et culturelle.
- Deuxièmement, dans un autre registre, le développement des communautés virtuelles semble susciter parmi certains jeunes internautes un nouvel élan pour le développement local à travers des initiatives dont la focalisation est géographique, telles que http://www.fixmystreet.com/ ou www. la27eregion.fr/…"
- « Un ensemble de mesures de soutien au développement local avoisinant 5% des fonds consacrés au développement territorial (FEDER, FSE, FEP, FEADER) serait susceptible de toucher un Européen sur deux et par là même, de donner à près de 250 millions de citoyens à voir comment l’UE peut aider des réalisations concrètes auxquels ils sont partie prenante. »