Territoires durables en devenir - Christine Gagnon (sous la dir.)

Informations pour votre compte
Authentification
Visiteurs : 14852 (6 par jour)
Fiche Ressources DLD N°920-2245

Territoires durables en devenir - Christine Gagnon (sous la dir.)

Descriptif

Après plus de trois décennies de recensions, voilà ma première occasion de commenter un ouvrage numérique. Oui, faudra s’y faire. Comme cette élégante octogénaire rencontrée dans un TGV en direction de Paris en août dernier. Livre en main, je n’ai pu manquer de lui faire part de mon étonnement en la voyant aussi à l’aise le nez vis-à-vis une tablette. « Mais, en voyage, c’est tellement pratique Monsieur ! et ça occupe très peu de place dans mon sac à main » m’a t-elle dit. Oui, pratique en voyage, mais aussi pour bien d’autres raisons : magnifiques photos couleurs et surtout ces hyper-liens qui permettent d’en savoir plus à l’aide d’un simple clic. C’est ce qui a motivé Christiane Gagnon de l’Université du Québec à Chicoutimi. En réunissant 21 collaborateurs, tous des acteurs appartenant à 16 territoires de huit pays répartis sur chacun des continents, ma prolifique et polyglotte collègue, déjà bien connue pour ses publications sur le développement durable (DD) et pour l’animation d’un site WEB fort fréquenté1, a su s’adapter au goût du jour.

L’ouvrage prend appui sur deux hypothèses : d’abord celle voulant qu’un territoire résulte du construit issu de l’intervention d’acteurs sociaux locaux qui font de la gouvernance locale la pierre angulaire du DD. Vient ensuite la conviction que cette gouvernance est rendue possible par autant l’appui d’organismes internationaux susceptibles d’intervenir dans des sphères touchant par exemple, la forêt, l’eau et l’énergie, que par la contribution de la société civile à l’échelon, bien sûr, des territoires.

La présentation des 16 territoires s’accompagne d’une mise en garde : il ne s’agit pas d’une sélection des meilleures pratiques avec pour intention d’en faire une évaluation ou toute forme d’appréciation. On a voulu fournir au lecteur une diversité de cas lui permettant de se faire lui-même une opinion sur la base des informations transmises. Au bénéfice des lecteurs descendants (vraiment) des Gaulois, à titre d’illustrations, les lignes qui suivent se rapportent à deux territoires hexagonaux Bouaye et Mellé. Comme pour les autres territoires, on trouve les rubriques suivantes ; le contexte, le territoire, la structure de travail, la synergie avec la population locale, le déroulement de la démarche, la réalisation du plan d’action et son suivi, les résultats, les difficultés et les défis rencontrés. Et, il va sans dire, numérique permet ou oblige : on invite le lecteur à cliquer sur Pour en savoir plus.

La ville de Bouaye, avec ses 6 000 habitants fait partie de la deuxième couronne de l’agglomération nantaise (heureuses gens à 20 minutes des plages). Comme la France, à travers son MEDDTL, incite les collectivités territoriales à s’engager dans des démarches de DD, pourquoi s’en priver ? Ainsi, 800 démarches d’A21 ont été recensées et 200 ont reçu la reconnaissance du ministère. L’arrivée au pouvoir municipal d’une nouvelle équipe, en 2008, a stimulé l’adoption d’un deuxième Agenda 21. Ce qui a donné un plan d’action réparti en huit axes dont : transports alternatifs à la voiture, urbanisme et énergies renouvelables, économie sociale et solidaire et écocitoyenneté, cohésion sociale et démocratie participative. Une affaire à suivre car la mise en oeuvre des actions s’étend de 2011 à 2015.

Comme il va de soit, tous les habitants ont été invités à participer aux « ateliers-citoyens » (on se croirait en 1790). Croyez-le ou non, 35 des ces citoyens ont accepté. Malgré ce résultat inespéré, l’auteur de l’étude admet que le projet n’est pas (encore) mobilisateur. Mais ça viendra, car qui peut demeurer indifférent face à des projets consistant à développer l’offre de transport en commun ou encore à installer de panneaux solaires sur les édifices publics ? Et que dire d’une meilleure gestion des déchets. Oui, la mobilisation viendra.

Mellé, en Bretagne a en commun avec Mlle (ancien fief d’une ex-candidate à la présidence de la République) d’être une commune rurale, mais, avec ses quelque 575 habitants vieillissants, elle est moins populeuse et beaucoup plus pauvre que son homonyme sans accent des Deux–Sèvres. Les Melléens ( ?) ont décidé il y a peu de se lancer dans une démarche Agenda 21. Le maire, un chargé de projet et un comité de pilotage constituent la bougie d’allumage d’une démarche à ce jour dépourvue de financement. Vive le travail volontaire ! Quatre axes ont été retenus dont celui visant à communiquer et à vivre la démocratie à l’aide d’un site Internet. Un certains nombre d’actions font déjà l’objet de réalisations comme l’aménagement paysager du bourg. D’autres à venir se rapportent à la réduction de l’éclairage public, la récupération de l’eau de la station pour arroser les fleurs de la commune (sic), à l’exposition de portraits de jardiniers du cru…mais quoi ! s’il n’y a pas de sots métiers, il n’y a pas de sottes actions en relation avec l’idéal véhiculé par le DD. La preuve : Mellé a reçu en 2010 le prix national pour le concours des rubans ( !) du DD.

J’avoue que parmi les 14 autres territoires, plusieurs s’avèrent plus convaincants que cet exemple breton. Ultime question : à qui se destine l’ouvrage ? Inutile de se casser la tête, c’est bien indiqué dans l’introduction, il intéresse : les citoyens, les élus, les professionnels, les étudiants, en somme toute personne qui désire dans sa vie de tous les jours contribuer à l’amélioration des conditions de vie de ses semblables.

André Joyal Université du Québec à Trois-Rivières


Références ou Coordonnées

GAGNON, C, (sous la dir.), Territoires durables en devenir, Presses de l’Université du Québec/Numérique, Québec, 2012, 255 p.


par André Joyal le 3 avril 2013
Suite à donner